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Philippe Sol
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04 septembre 2018

Rencontre avec un Centralien Entrepreneur : Philippe Sol (85)

Nouvelle rubrique de Technica, à la rencontre des Centraliens qui ont décidé de devenir entrepreneur. Pour ouvrir le bal, Philippe Sol a accepté de donner le La de cette nouvelle thématique. 


Bonjour Philippe, pouvez-vous nous présenter rapidement l’activité de votre Groupe? 

Il y a cinq ans j’ai créé une holding qui m’a permis de financer la reprise de plusieurs sociétés dans le secteur de la distribution spécialisée en papeterie et mobilier de bureau. D’abord avec l’acquisition de la société Lyon Bureau positionnée historiquement comme distributeur de produits de papeterie, et depuis plusieurs années aussi de mobilier pour l’aménagement de bureau. Deux ans plus tard, j’ai racheté un fond de commerce à Grenoble appelé Bureau Equipement Conseil et spécialisé également dans l’aménagement du bureau. L’idée était à la fois de renforcer cette activité et d’élargir aussi le périmètre commercial à l’ensemble de la région Rhône Alpes. Enfin, l’année suivante j’ai racheté la société Maduruin située à Vaulx en Velin et spécialisée dans la distribution de consommables informatiques notamment pour imprimantes, photocopieurs etc.

Vous souvenez-vous avoir eu très tôt la fibre d’entreprendre ?

Vu que je n’ai franchi le pas qu’à l’âge de 50 ans, je suis mal placé pour dire que je me suis senti très top l’âme d’un entrepreneur (rire). En réalité, lorsque je suis sorti de l’INSEAD après Centrale Lyon, mes choix de carrière ont surtout été dictés par le besoin de me confronter à des responsabilités opérationnelles, et de profiter d’une large autonomie dans mon travail au quotidien. Le besoin d’entreprendre pour soi est venu bien plus tard.

Dans mon cas, le déclic (entrepreneurial) fut long à venir. J’ai même cru qu’il ne viendrait jamais ! 

Quand avez-vous eu ce fameux déclic ?

Le déclic fut long à venir. J’ai même cru qu’il ne viendrait jamais ! Dans ma carrière j’ai eu à effectuer à plusieurs reprises des rachats d’entreprise mais toutes dans le cadre des fonctions que j’occupais. J’ai alors commencé peu à peu à me dire que je pourrais le faire pour « moi ». Autour de moi, tout le monde semblait convaincu qu’il fallait que je me lance. J’ai même été à deux doigts de le faire une première fois avec l’aide d’un cabinet conseil. Mais au dernier moment, j’ai décidé de partir en Italie comme patron de la filiale du groupe pour lequel je travaillais à l’époque. Je me suis donc pris 3 ans de réflexion supplémentaires (il sourit). Et puis, à 50 ans, j’ai ressenti le besoin de me poser et de revenir sur la région lyonnaise auprès de ma famille.

 

Comment s’est passée la mue entre votre ancienne vie de salarié et celle de chef d’entreprise ?

Ce fut une transition délicate. C’était la première fois que je me retrouvais sans travailler. Je devenais sédentaire, inactif avec des revenus divisés par deux. Tous mes référentiels, et critères de représentativité partaient à vau-l’eau. Le fait d’avoir eu un cabinet qui m’accompagne a été crucial surtout pour la « logistique » (un bureau, un téléphone, etc…) au début, le temps que j’accepte cette « nouvelle vie » et travaille de chez moi.

 

En quoi cela vous a t-il aidé dans la réalisation de votre projet ?

Ça m’a apporté des contacts et une forme de dynamique collective avec les autres personnes inscrites dans la même démarche entrepreneuriale. J’ai eu la chance de rapidement définir ma cible et puis ensuite tout s’est enchaîné. La définition du projet, son financement, la négociation et la mise en place du protocole de cession de l’entreprise etc. Honnêtement, pendant 6 mois, j’ai eu l’impression de passer le bac tous les jours !

 

Avez-vous connu depuis de vrais moments de doutes ?

J’ai traversé des périodes où je me demandais si j’allais passer le mois, avec des trésoreries qui criaient famine. Ça m’était arrivé de participer au rachat d’une entreprise quasiment en dépôt de bilan avec des problématiques de manque de cash, mais quand c’est sa propre entreprise, la pression n’a rien à voir. Tu n’oses pas trop en parler aux autres. Ni à ta femme, ni à tes proches, ni aux personnes qui t’ont fait confiance en investissant dans ta boîte. Il y a une responsabilité. Tu es condamné à passer le cap. Il faut être créatif.

 

Et des moments de satisfaction ?

Il y en a plein, mais je suis un insatisfait inné. Je suis déjà en train de me dire que je m’ennuie.

On a beau avoir plein d’idées, c’est très facile de passer à côté !

Avec du recul, que retirez-vous de votre expérience d’entrepreneur?

Qu’il n’y a rien d’écrit. Qu’on a beau avoir plein d’idées, c’est très facile de passer à côté. Racheter une entreprise est aussi un peu différent par rapport au fait d’en créer une. C’est une démarche qui nécessite peut être davantage de maturité. Quand on est jeune on est davantage dans la création. Le rachat veut dire la transmission, des actionnaires et des équipes à convaincre.

 

En quoi votre formation d’ingénieur à Centrale Lyon vous a t-elle aidé pour devenir chef d’entreprise ?

La formation d’ingénieur apporte de la méthode et de la rigueur. C’est comme un archéologue sur un terrain de fouille. La méthode permet de réduire la part liée à la chance. Quand la chance n’est pas au rendez-vous, il reste la méthode.

 

Être entrepreneur c’est aussi savoir manager les équipes. Quel manager êtes-vous ?

Lorsqu’on rachète des entreprises, le management est particulier. Déjà, il faut accepter de faire confiance aux personnes en place. Si vous arrivez avec votre propre équipe, c’est la double peine. Les bons qui étaient dans la boîte partent petit à petit, alors que les mauvais restent ! Manager impose une certaine humilité, savoir écouter ses collaborateurs, repérer ceux qui ont un « truc » en plus.

 

Être un bon manager peut-il selon vous s’apprendre à l’école ?

Ce qui est sûr, c’est que manager des équipes ne s’apprend pas dans les bouquins. Je pense d’ailleurs que Centrale Lyon devrait plus souvent faire appel à des personnes qui ont cette expérience du management, afin qu’ils partagent leur expérience avec les étudiants. Mais l’école ne peut pas tout. C’est aussi aux élèves à s’impliquer, notamment dans les associations. Cela apprend à fédérer, à convaincre, à mener des projets… en résumé, à se frotter à la réalité du management.

S’impliquer dans les associations de l'école, cela apprend à fédérer, à convaincre, à mener des projets… en résumé, à se frotter à la réalité du management

 

On arrive à la fin de cet entretien. Dernière question, si je vous demande quels sont vos projets pour demain ?

Vaste sujet. Je me pose souvent la question. Si je revendais ma boîte, que ferai-je après ? Je ne suis pas un patrimonial né. La vraie question n’est pas de savoir ce que je ferais de mon argent, mais bel et bien de mon temps…C’est pourquoi je suis déjà en train de penser à de nouveaux projets, de nouvelles acquisitions, pour grandir, améliorer la performance et la profitabilité de mes entreprises, combler mes actionnaires, dont ma famille…(sourire)…En un mot, continuer…

 

Contact : lyonbureau.fr;

Mail : mobilier@lyonbureau.fr

Auteur

Philippe est diplômé de l’ECL (1985), de l’ECP (1986) et a un MBA de l’INSEAD (1992). Fin 2013, il crée sa holding MEPS SAS composée de 3 sociétés dans le domaine de la distribution spécialisée, toutes intervenant principalement en Rhône-Alpes. A ses fonctions de Direction Générale, Philippe associe toujours des responsabilités très « opérationnelles » à forte dominante commerciale et marketing.

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