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29 juin 2021

Hatem Chebeane (ECL 1995) COO de Wevioo à Tunis

Hatem Chebeane est depuis 2009 de retour en Tunisie après 17 années passées en France à l’occasion de sa formation à Centrale Lyon assortie d’un doctorat, puis d’une carrière de consultant au sein du cabinet de conseil Accenture. Il revient aujourd'hui pour Technica sur son parcours des deux côtés de la Méditerranée et ses nombreux engagements en faveur des autres.


Bonjour Hatem. Vous avez grandi et passé la première partie de votre scolarité en Tunisie. Comment s’est présentée l'opportunité de rejoindre Centrale Lyon et quels souvenirs gardez-vous de ces années passées à Ecully ?
Je suis né et ai grandi à Tunis. Grâce à de bons résultats au Bac, j’ai pu bénéficier d’une bourse à la fin de mon cursus secondaire pour suivre le parcours d’ingénieur. J’ai effectué ma prépa à Paris puis intégré en 3/2 l’École Centrale de Lyon en 1992. J’y suis resté 7 ans, enchaînant avec un doctorat après mon diplôme d’ingénieur. Un temps suffisant pour me créer de nombreux souvenirs. Ces années sur le campus ont été riches d’enseignements, pendant les cours mais aussi en dehors. Pratiquant le handball depuis l’âge de 11 ans en club, j’ai naturellement rejoint l’équipe de l’ECL avec laquelle nous avons décroché le titre de Champions de France en 1999. J’étais également très impliqué dans la vie du BDE avec notamment l’organisation du Challenge inter écoles qui reste comme, on le sait tous, l’événement incontournable de l’année pour les étudiants de Centrale.

Saviez-vous précisément ce que vous vouliez faire dans la vie en arrivant à Centrale, voire plus tard, en la quittant ?
J’ai toujours été attiré par les métiers de l’informatique. En 3eme année, j’ai fait un DEA en Informatique Industriel (Productique) et ai décroché une bourse auprès de la Région Rhône Alpes pour effectuer une thèse appliquée à l’informatisation des ordonnanceurs industriels en collaboration avec la Société Courbon. En parallèle, j’ai été embauché en tant que vacataire à l’ECL pendant 2 années. J’ai beaucoup apprécié le métier d’enseignant au contraire de celui de chercheur qui ne correspondait pas à mes envies du moment. Une fois ma thèse en poche, j’ai décidé de quitter le monde universitaire sans savoir précisément vers quel métier me diriger. Je me suis tourné vers les cabinets de conseil pour la diversité des missions qui nous sont confiées. J’ai ainsi rejoint Accenture en 1999 où j’ai effectué la première partie de ma carrière jusqu’en 2009.

A quel moment s’est présentée l’opportunité de rentrer travailler en Tunisie ? Était-ce alors une évidence ou un choix difficile ?
J’ai passé 10 années chez Accenture au sein de l’activité Products sur des projets complexes d’organisation et de transformation des processus de gestion de la chaîne logistique, de gestion commerciale et des Ressources Humaines. J’ai gravi peu à peu les échelons et alors que je pouvais prétendre à devenir associé, un des leaders de la transformation digitale au Maghreb. est venu me proposer de prendre en charge son activité de Management Consulting. C’était l’heure du choix : continuer un parcours a priori tout tracé et rester en France, ou réaliser le projet que je nourrissais depuis plusieurs années de rentrer en Tunisie... La décision fut facile à prendre et nous sommes partis avec ma petite famille nous établir en Tunisie. J’ai ainsi rejoint en 2009 le groupe Wevioo en tant que Directeur Associé en charge de la Business Unit Management Consulting.  Aujourd’hui j’en suis le Directeur des Opérations (COO).

Présentez-nous WEVIOO et en quoi consiste votre rôle de COO ?
Wevioo est un groupe de conseil et de services numériques créé en 1998 et qui accompagne ses clients dans leurs projets de transformation et d’innovation digitale. Le groupe intervient principalement dans les secteurs d’activités Banque/Finance, Industrie/Logistique, Secteur Public, Télécoms/Technologie. Il apporte son expertise et son savoir-faire dans 3 domaines : le Consulting, le Digital et les Solutions Embarquées, avec pour objectif principal la maximisation de la valeur ajoutée que nous devons offrir à nos clients, et une attention particulière sur la qualité et la transparence de la relation client.

En tant que COO (Chief Operating Officer) je veille au bon déroulement des opérations en tâchant de prendre les bonnes décisions, de mettre en place les bons process et d’adopter les bons outils afin de faciliter le travail de mes équipes. Je suis également responsable des activités de conseil en management, en digital et en systèmes embarqués. J’interviens par ailleurs sur le Suivi du Système Qualité, sur le Système d’Information, ainsi que sur la gestion des Ressources Humaines à engager sur chaque mission. Nous nous engageons en faveur du bien-être ainsi que de la motivation de ses salariés, en plaçant son capital humain au cœur de sa stratégie. C’est en comprenant au mieux les attentes de nos collaborateurs et en nous engageons continuellement dans leur développement et leur bien-être, que nous pouvons leur offrir un environnement stimulant.

Siège à Tunis de Wevioo

Quels sont selon vous les avantages et inconvénients de travailler en Tunisie par rapport à la France ?
Les entreprises y sont à taille humaine ce qui facilite les échanges avec des collaborateurs souvent exceptionnels. A l’inverse, la taille du marché est plus réduit et il faut parfois faire avec certaines lenteurs administratives. Les entreprises comme Wevioo doivent également faire face aux difficultés de recrutement : les bons éléments étant souvent attirés par des opportunités un peu partout en Europe.

Le contexte politique et économique tunisien est complexe, surtout vu depuis la France. La situation impacte-t-elle les entreprises et en particulier votre activité ?
La Tunisie traverse en effet actuellement une crise économique et sociale aggravée par la pandémie de la covid-19. Le ralentissement économique et la difficulté de voyager, de prospecter et d’opérer sur le continent africain a eu deux effets qui peuvent sembler contradictoires. D’un côté, les entreprises de conseil se sont davantage focalisées sur le marché tunisien, notamment autour de la digitalisation des grandes administrations du pays. Mais ce fut également l’occasion d’accélérer le développement des solutions offshore mises à disposition des entreprises européennes qui se sont aperçues ces derniers mois, qu’elles pouvaient parfaitement fonctionner à distance avec leurs collaborateurs.

Quant à la crise constitutionnelle en Tunisie, elle est liée à la nouvelle constitution de 2014 née de la révolution de 2011. Le fait qu'elle soit à mi-chemin entre un régime présidentiel et parlementaire a rapidement créé des situations de blocage au sein de l’exécutif, avec d’un côté, le Président, et de l’autre, le Chef du gouvernement soutenu par la majorité parlementaire. Aujourd’hui encore, le pays souffre de ce bras-de-fer.

Vous avez été président de l'Association des Tunisiens des Grandes Écoles. Pouvez-vous nous présenter ses actions, et votre rôle aujourd’hui dans cette organisation?
J’ai été président de la ATUGE entre 2015 et 2017 et suis actuellement Trésorier et Membre du Conseil d’Administration. L’ATUGE est une association à but non lucratif, indépendante et apolitique créée il y a 30 ans. Elle compte 8 000 membres à travers le monde, aussi bien des étudiants des classes préparatoires aux grandes écoles françaises, que des diplômés des Grandes Ecoles d’ingénieurs ou de commerce, et toutes personnes partageant nos valeurs. L’association est un trait d'union entre ses membres partout dans le monde au travers de ses 4 antennes : Tunis, Paris Londres et Asie-Pacifique. L’ATUGE contribue également à la réflexion collective sur les enjeux économiques et sociaux de la Tunisie à travers de nombreuses manifestions, débats publiques, forums et autres publications.  L’ATUGE témoigne aussi de son engagement citoyen et culturel. Ainsi, j’ai l’honneur de piloter depuis 2013, le Projet « Jeunesse solidaire en méditerranée » en partenariat avec la Fondation de France, qui a pour objectif de soutenir les associations porteuses de projets visant à lutter contre l’exclusion économique des jeunes. J’ai contribué aussi au partenariat avec l'Institut National du Patrimoine et le musée du Louvre autour du projet de Mécénat du Musée National du Bardo.

Dernière question : que diriez-vous si on vous proposait de revenir travailler et vivre en France ?
J’ai dans les faits, toujours un pied à Paris où je gère une partie des collaborateurs de Wevioo France. Quant à revenir m’y installer, c’est une autre histoire. Je pense que j’ai aujourd'hui trouvé le bon équilibre entre qualité de vie personnelle en Tunisie et mon épanouissement professionnel entre les deux rives.

 

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