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06 septembre 2021

Stéphane Houriez (ECL 1999) - Global Coordinator of Local Markets Rates and FX e-Trading chez BNP Paribas Hong Kong

Avril 2002. La tête contre le hublot du 747, je regarde le réacteur qui m’arrache au sol de l’Angleterre.

Moins de trois ans après avoir quitté l’École, tout juste le temps d’apprendre le métier de trader de taux d’intérêt court terme chez BNP Paribas, on me propose un poste en Asie pour traiter sur les marchés locaux. J’accepte, bien sûr. Je suis grisé à l’idée de découvrir une culture si éloignée de la mienne. Et puis Hong Kong est un chapelet d’îles baignées du chaud soleil d’octobre. À Londres, il pleut. Pourquoi hésiter ?


Partir, c’est avant tout un choix de vie. Une expérience qui met à l’épreuve vos capacités d’adaptation. Certes il s’agissait de poursuivre une opportunité professionnelle, mais sans vrai désir de connaître une vie différente, quelles chances de succès ?

Travailler à Hong Kong

L’un de mes premiers contacts professionnels fut un courtier anglais, arrivé à Hong Kong 15 ans plus tôt. « Je pense rentrer en Europe dans trois ans » lui dis-je. Trois ans plus tard j’acceptais une autre opportunité à Taïwan, toujours pour BNP Paribas, et ce faisant commençais à fonder une famille.
Deux ans plus tard, retour à Hong Kong, et en 2009, nous partons pour Shanghai pour trois ans.

Pendant quatorze ans, mon rôle fut de développer et manager la plateforme de trading de produits financiers de change et taux d’intérêt pour BNP Paribas en Asie du Nord. Tout d’abord à Hong Kong, puis incluant Taïwan, la Chine, et enfin la Corée du sud.

En 2016, je change de métier. Je suis maintenant chargé de coordonner l’adaptation au trading électronique des équipes de trading de marchés locaux dans les trois zones géographiques : Asie, CEEMEA (Central Eastern Europe Middle East and Africa) et LatAm (Latin America). Cela m’amène à travailler avec des collègues de cultures et d’horizons particulièrement variés. La banque fait partie de ces industries dans lesquelles la diversité n’est pas juste un idéal, mais une réalité quotidienne.

« Mais qu’est-ce qu’un produit financier ? », me demanderez-vous. Eh bien, c’est un contrat qui lie deux personnes (physiques ou morales). Il stipule que ces personnes feront entre elles certains paiements dans certaines devises. Parfois, les paiements dépendent de certaines grandeurs observées sur les marchés financiers, dans ce cas c’est un produit dérivé.

Imaginez par exemple être une entreprise coréenne qui fabrique des bateaux. Le prix du container a été multiplié par 10, vos carnets de commandes sont pleins. Il faut que vous achetiez rapidement des matériaux et des machines en dollars US pour commencer le chantier. Dans un an ou deux quand vous livrerez le bateau, vous recevrez un paiement en dollars. Vous pouvez emprunter des Won Coréens aux banques locales assez facilement, mais pas des dollars. Vous allez donc rentrer dans un contrat dans lequel vous allez échanger des Won contre des Dollars aujourd’hui, et à l’inverse échanger des dollars contre des Won dans un an et demi quand votre client aura payé le prix du bateau.

Une banque d’affaires internationale répond tous les jours à des dizaines voire des centaines de milliers de requêtes pour ce type de produits, pour tous types de montants, durées et devises. Il faut donc que ça aille très vite, pas question d’impliquer à chaque fois un juriste. 

Le contrat fait référence à une documentation préexistante et il est conclu par l’échange de quelques paramètres standardisés. Le rôle de la banque est d’ajuster le prix de façon à avoir à peu près autant de clients qui achètent et qui vendent et de recourir le moins possible à d’autres banques pour couvrir leurs risques. Pour cela, il faut un grand nombre de clients et de transactions. C’est pour cela qu’on appelle cette activité le « Flow Trading ». La tendance est bien sûr à automatiser les mécanismes de trading et à utiliser différents outils d’intelligence artificielle pour ajuster les prix et gérer les risques.

 

Vivre à Hong Kong

J’ai habité en tout 15 ans à Hong Kong. Hong Kong est une région administrative spéciale de la République Populaire de Chine, avec son propre gouvernement et son propre système légal. Hong Kong fut cédé à la couronne anglaise entre 1841 et 1898 suite aux guerres de l’opium. En 1997, Hong Kong retourna à la Chine sans que celle-ci impose un changement radical. Depuis, la région est dans une phase de transition progressive qui s’est intensifiée récemment suite aux mouvements pro-démocratiques. Il est donc difficile de dire avec certitude comment sera la vie à Hong Kong dans 10 ans.

Pour l’heure peu des ingénieurs français qui vivent à Hong Kong s’en plaignent : avec ses îles, de grandes étendues naturelles - puisqu’un faible pourcentage du territoire est construit -, une importante communauté internationale, tous types de commerces d’alimentation et des restaurants français, il est facile de s’adapter à Hong Kong.

Il est très facile d’avoir chez soi une aide domestique ce qui est appréciable pour les familles. La médecine est disponible pour tous à Hong Kong bien que la médecine privée soit chère.

Le seul vrai point noir au quotidien est le logement : les prix sont élevés et trop peu de propriétaires semblent s’intéresser à la décoration. Difficile dans ces conditions d’égaler le confort d’un logement français.

Tout comme Singapour, Hong Kong est une importante plateforme de transport aérien. L’aéroport est à 23 minutes en train du centre de Hong Kong et donne accès à des vols fréquents sur un grand nombre de destinations en Chine, quasiment tous les pays d’Asie et les principales capitales du monde. La plupart des Français habitant Hong Kong ont souvent fréquenté l’aéroport et ont pu en apprécier l’efficacité ; soit à l’occasion de voyages d’affaires, soit pour visiter d’autres pays d’Asie. Entre la Chine continentale, Taïwan, les Philippines, la Thaïlande, la Malaisie, le Vietnam, etc., on a accès depuis Hong Kong et en quelques heures porte à porte, à une multitude de destinations de vacances. Inutile de vous vanter les mérites de chacune, je suis certain que les agences de voyages en France le font très bien.

Petit bémol à cela : depuis le début de la pandémie de COVID, presque plus personne n’entre ni ne sort de Hong Kong et l’aéroport et quasiment vide. Difficile d’imaginer que les voyages reprendront comme il y a quelques années étant donné la place que les téléconférences ont pris ces derniers mois dans le travail quotidien et espérons-le, une certaine prise de conscience collective de la trace carbone associée au transport aérien.

Hong Kong est néanmoins une destination parfaite pour une première expatriation longue ou courte loin de la France. Si vous avez une opportunité professionnelle pour vous y installer, n’hésitez pas !

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