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Nicolas Imbert
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30 janvier 2023

Nicolas Imbert (ECL99) : Plaidoyer pour un monde (plus) durable
Re-p(e)anser la planète

Directeur exécutif de l’organisation non gouvernementale Green Cross France et Territoires, Nicolas Imbert (ECL99) partage dans son premier ouvrage « Plaidoyer pour un monde (plus) durable » sa vision sans concession de l’urgence écologique à laquelle nos sociétés doivent faire face. Fort de ses 25 années d’expérience et d’actions en faveur des problématiques écologiques, il en profite pour présenter des solutions concrètes et accessibles à mettre en œuvre sans plus attendre afin d’accélérer l’émergence d’un monde plus durable. « Comprendre » et « Agir », retour avec l’auteur sur ces deux leviers qui structurent sa démarche et son récit. Entretien.


Bonjour Monsieur Imbert. Pourquoi avoir attendu 2022 pour vous lancer dans l’écriture de ce livre ? Y a t il eu un élément déclencheur qui vous a poussé à prendre la plume ?
Mon intérêt pour l’urgence écologique ne date effectivement pas d’hier. Ce fut d’abord une prise de conscience citoyenne, avant de devenir un fil de vie, puis le fil de conducteur de ma carrière. Étudiant à Centrale Lyon, le sujet des humanités ne faisait malheureusement pas partie de la formation d’ingénieur dispensée malgré les efforts de professeurs comme Monsieur Léo Vincent qui faisait alors office de précurseur. Mon premier engagement à l’École fut d’organiser des conférences qui donnaient parfois lieu à des échanges épiques comme celui entre le journaliste Jérôme Bonaldi et Jean-Marc Jancovici, en présence du Pr. Pierre GUIRALDENQ. Plus tard, en 2006 et 2007, j’avais eu un premier travail d’écriture qui n’avait pas abouti à cause notamment d’un ton difficile à trouver entre ce qui relevait, d’un côté, d’un papier scientifique, et de l’autre, d’un ouvrage pour décideurs. Les événements de ces dernières années (ndr. l’ouvrage a été écrit entre juillet et septembre 2022) ont fini de me convaincre de la nécessité d’éviter d’adopter une approche purement scientifique et analytique dans un ouvrage grand-public, mais plutôt d'essayer d’expliquer simplement des choses même si celles-ci s’avèrent parfois complexes.
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Quelle était votre intention au moment de l’écriture du livre ?
Très vite, l’idée du plaidoyer s’est imposée à moi. Elle implique de montrer qu’on peut encore tous ensemble avancer d’une manière consensuelle mais qu’il faut pour cela bouger les lignes rapidement, donner un cap, dresser une feuille de route ou un champ des possibles qui fait que chacun choisira sa trajectoire propre. Mon rôle à travers cet ouvrage est d’éclairer les choix de la manière la plus neutre et effective possible. Et en même temps montrer un enthousiasme, une impulsion à agir. Si nous ne sommes pas dans une situation désespérée, le temps nous est compté pour arriver à changer le monde et ne pas avoir à subir une planète qui soit de moins en moins vivable et sur laquelle nous ne parviendrions plus à nous projeter.
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En tant que  Directeur de Green Cross depuis 2011, vous êtes au premier rang pour constater l’inertie voire l’inaction des décideurs face à l’urgence écologique. Y-a-t-il selon vous encore la place pour la concertation voire le consensus ?
Nous sommes aujourd’hui dans une situation d’urgence écologique et climatique. Certains vont manifester dans la rue, d’autres se radicalisent ou rejoignent des mouvements alternatifs, des scientifiques s’organisent pour réfléchir à d’autres voies comme Scientist Rebellion. Mon plaidoyer est une façon pour le directeur d’ONG et l’ingénieur de formation que je suis, de concilier les points de vue et d’aider à avancer vers les meilleures solutions. Je voulais pour cela un ouvrage court et impactant qui repose sur deux grands axes : comprendre et changer, avec des titres directs voire provocateurs qui dénoncent à la fois comment nous en sommes arrivés là, mais qui expliquent également comment sortir collectivement de cette impasse. La notion de co-construction est à ce titre importante à mes yeux.
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Dans la première partie de votre livre, vous pointez la responsabilité de la génération du baby boom, parlant même d’un hold-up générationnel. Qu’entendez-vous par là ?
Je parle en effet d’un triple hold-up, générationnel, géographique et diplomatique de la part de la génération d’après-guerre. Leur position et leur pouvoir actuels dans nos sociétés que ce soit au niveau politique, économique ou civil, participent à l’inaction face aux urgences écologiques auxquelles nous faisons face. Je m’attendais à ce que ce discours déplaise à beaucoup et suis d’autant plus étonné par les retours positifs des lecteurs toutes générations et milieux sociaux confondus qui me remercient de mettre en perspective le dissensus silencieux qui existe au sein de la société française. Évidemment, il ne s’agit pas pour moi de désigner des coupables d’un côté et des victimes de l’autre, mais de permettre à chacun de prendre conscience de la situation et de réfléchir à sa position dans l’histoire collective qui est en train de s’écrire.
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Face aux urgences, a-t-on encore raison de parler de transition ? Le terme n’est-il pas trop édulcoré ?
Je n’ai jamais été à l’aise avec la notion de « transition ». Elle fait partie des termes dans le langage de l’environnement qui ont perdu de leur sens et qui finissent par ne plus vouloir dire grand-chose. Le terme développement durable en fait également partie. Je n’aime pas le mot transition parce qu’il supposerait que l’état actuel soit stable et réversible et que l’on puisse revenir à chaque instant à ce que l’on a vécu dans le passé. Or depuis la Covid et les crises qui ont suivi, on sait que l’époque de facilité qu’a vécu le monde occidental ces dernières décennies est révolue. On ne la retrouvera plus jamais. On vient de quitter le monde des énergies fossiles, ou plutôt devrais-je dire des énergies faciles, ce que j’appelle dans mon livre « le monde du nucléaire, du Concorde et du minitel », une France d’Amélie Poulain qui ne ressemble plus au monde d’aujourd’hui.

Une fois écartée l’hypothèse de la transition, la transformation passe-t-elle forcément par la révolution ?
Sans doute pas dans le sens des révolutions d’antan, mais dans celui d’une métamorphose pour laquelle les Friday For Future, les Greta Thunberg sont des éclaireurs. Avec ses 1000 solutions pour le climat, Bertrand Piccard montre également que les solutions passent par les territoires, qu’il faut libérer leurs énergies sans attendre que cela vienne des politiques. Chacun se rend ainsi compte qu’il est acteur de son destin. La Covid a d’ailleurs montré que nos sociétés se retrouvaient rapidement démunies face à l’émergence d’une situation complexe. Tant qu’on ne saura pas créer un monde plus résilient autour de nous,  nous resterons exposés à une forte volatilité, non seulement du prix mais aussi de la disponibilité de l’énergie et de la matière. Nous devons ainsi nous atteler urgemment à reconstruire notre autonomie alimentaire, rebâtir un système de santé viable, remettre en valeur le vivre ensemble. L’idée est d’avoir des sociétés dont la parole est en phase avec les actions menées.

Retrouvez la suite de notre entretien avec Nicolas Imbert en cliquant ici.

Vous pouvez obtenir le livre Plaidoyer pour un monde (plus) durable auprès de vos libraires ISBN- 978-2493575234 – mini-site dédié à l’ouvrage : http://bit.ly/MondeDurable

 
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Auteur

Nicolas Imbert a exercé pendant plus de 10 ans dans le conseil en stratégie et en développement durable. Depuis 2011, il dirige en France l'ONG Green Cross France et Territoires, créée avec Jean-Michel Cousteau. Voir l'autre publication de l'auteur

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